La paille, fourrage incontournable des crises fourragères
Après plus d’un mois sans pluie, une semaine de canicule et peu d’espoir de voir la tendance s’inverser, la situation fourragère devient très préoccupante. Les prairies sont d’ores et déjà grillées et les maïs attendent désespérément les orages. La crise s’installe, fourragère et économique, l’élevage souffre.

Quel avenir pour les maïs ?
Tout le monde garde en mémoire les maïs de 2003, tous ensilés entre le 10 et 15 août et redoute cette perspective. Et pourtant, il nous faut bien l’imaginer. Si dans les jours à venir un minimum de précipitations ne vient pas inverser la tendance, il faudra songer à les récolter.
En effet, en l’absence de fécondation, il n’y aura pas de grains dans la plante ; il faudra pouvoir à minima conserver la matière verte, et ne pas attendre son dessèchement complet.
Dans ce scénario pessimiste, les ensilages pourraient se dérouler 1ère quinzaine d’août.
Sachant que le grain représente en moyenne 50 à 60 % du rendement, l’alimentation hivernale ne pourrait tabler au mieux que sur une demi-ration ensilage maïs.
Garder ensilage herbe et foin pour les animaux à besoins élevés
Les récoltes d’herbe 2015, ont en général été de bonne qualité et en quantité normale. Elles pourront ainsi être réservées pour nourrir les vaches laitières (ou allaitantes ou au vêlage).
Pour exemple les deux rations ci-contre permettent une production laitière d’environ 30 l avec apport d’herbe (foin et ensilage) de plus de 50 % de la ration.
L’équilibre énergétique est renforcé par un apport de céréales (ou pulpes, corn…).
La paille : pour tous les autres animaux… mais avec du grain
Presque exclusivement constituée de tiges de céréales à maturité, la paille renferme une proportion élevée de tissus lignifiés, peu dégradables par les microorganismes du rumen.
C’est un fourrage encombrant et peu digestible. Néanmoins, c’est une ressource intéressante si la complémentation est adaptée.
Employer des pailles bien conservées
Récoltées sèches et stockées à l’abri.
Apporter un complément azoté
- 100 g de tourteau de soja par kg de paille ou 150 g de tourteau de colza.
- OU des sous produits bien pourvus en azote et en sucres solubles (corn gluten feed, drèches…)
- OU de l’aliment liquide (5 à 10 % de la quantité de paille).
Apporter un complément énergétique
Les céréales doivent être aplaties ou grossièrement broyées.
Avec de fortes quantités de concentrés, introduire des concentrés riches en cellulose (pulpes de betteraves, son, corn gluten feed…)
Apporter systématiquement minéraux et vitamines
Adapter le rapport phospho-calcique selon les aliments associés à la paille.
A l’extrême, la paille peut être distribuée comme fourrage unique avec une complémentation en céréale importante. Mais le plus souvent, la stratégie consistera à l’associer au foin ou à l’ensilage distribuée en quantité modérée.
Les parts relatives des pailles et des autres fourrages seront ajustées en fonction de l’importance du déficit fourrager, du coût des produits de remplacement et des catégories animales.
Pour les litières
- Paille de céréales : utiliser la juste quantité
Le gaspillage de paille augmente en général la température des litières et en conséquence le taux cellulaire du lait. Il est conseillé d’apporter :
- Stabulation libre paillée : 1 kg de paille par m² d’aire paillée (bâtiment où la surface par vache est suffisante).
- Stabulation à logettes : de 0.5 à 2 kg de paille par jour et par vache (logette) selon la nature du produit souhaité (lisier ou fumier mou).
- Quels substituts possibles
Afin d’économiser la paille de céréales pour la destiner à l’alimentation des troupeaux, il est possible de la remplacer par les matériaux de litière suivants (dans tous les cas bien secs, stockés à l’abri de la pluie) :
- Sciure : la sciure de bois blanc est préférable à celle des résineux ; la combiner avec de la paille ou réserver la paille aux vaches laitières.
- Copeaux de bois : seuls ou combinés avec de la sciure ou de la paille
- Paille de colza : la conserver pour le paillage plus qu’à l’alimentation.
Ne serait-il pas intéressant de faucher aussi plus bas afin d’essayer de récupérer un peu plus de quantité de paille ?
Suite de cet article ainsi que les permanences des techniciens dans notre édition du 24 juillet 2015.
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