INTEMPÉRIES : INCERTITUDE SUR LA QUALITÉ DE LA RÉCOLTE
La douceur de l’hiver, la fraîcheur du printemps et la forte pluviométrie de ces dernières semaines ont retardé les semis de maïs et développé la présence d’insectes et de champignons dans les parcelles. Le point sur la situation avec les techniciens SEPAC et EMC2.

Les précipitations ininterrompues depuis plusieurs jours provoquent des excès d’eau dans de nombreuses situations, voire des inondations. Ces pluies interviennent sur des sols déjà bien pourvus en eau avec des conséquences nombreuses : anoxie, maladies ou verse.
Les champignons se développent
Jean-François Ferrand, responsable collecte chez SEPAC
«Il y a un bon état végétatif dans les zones argilo-calcaires, le potentiel est en place malgré un salissement important de fin de cycle, mais toutes les terres hydromorphes souffrent. La photosynthèse se fait moins bien à cause de l’asphyxie racinaire, le remplissage sera moindre sur ces parcelles. L’hiver particulièrement doux et l’excès d’eau font apparaître un complexe maladie/ insectes en plaine plus important que les autres années. Les colzas ont fleuri longtemps à cause de l’excès d’eau, ce qui a limité le nombre de siliques par m² mais qui peut être compensé par le pmg.
Le pois d’hiver est la culture la plus sinistrée avec de nombreuses parcelles détruites à ce jour. Sur blés, la pression septoriose et rouille jaune est très forte avec des F1 touchés sur certaines variétés. Les conditions humides et douces de l’épiaison, pendant la floraison du blé, suscite des inquiétudes sur la qualité sanitaire. Sur les orges d’hiver, le froid au moment de la méiose a provoqué des avortements de grains, ils ne se remplissent pas et sont attaqués par des champignons de fin de cycle.
La gestion du désherbage, des maladies, de la pression insectes (pucerons) et les types de terre généreront des différences de rendements significatives. Les maïs ne sont pas tous semés, il y a même certaines parcelles qui doivent être re-semées, globalement on a un retard des cultures à floraison estivale : tournesol, soja… Les foins sont tous arrivés à maturité, mais il est difficile de rentrer dans les parcelles et leur qualité n’est pas optimum : sur-maturité, verse, pourriture et présence de terre. La qualité de la récolte est dore et déjà altérée».
Un potentiel élevé malgré tout
Ludovic André, technicien agronomie EMC2
« L’eau est tombée au mauvais moment entraînant une floraison des colzas longue et difficile et les parcelles sont touchées par la cylindrosporiose, ces facteurs sont propices à l’expansion du sclérotinia. En blé, les conditions sont favorables au développement de la fusariose des épis et on observe la présence de rynchosporiose sur les orges de brasserie de printemps et d’hiver. Les cultures se re-salissent, particulièrement les graminées avec le développement des populations de vulpins et de folles avoines, mais aussi les gaillets.
Le risque en mycotoxines est élevé pour la récolte des blés. Mais il y a aussi une pression des insectes sur les cultures : les blés et les pois sont victimes des colonies de pucerons. Le froid, l’humidité et la présence de vulpins dans les graminés sont des conditions favorables au développement de l’ergot. Les parcelles de céréales d’hiver à forte densité, en sol profond, à reliquat d’azote significatif et non régulées sont versées ce qui entraînera une perte de rendement.
Il reste des surfaces de maïs qui n’ont pas encore été semés comme dans le secteur du Bassigny. Le désherbage de post-levée des maïs est difficile à réaliser. Les champs sont trop humides, on a donc peu d’enrubannage d’herbe d’effectués. Le potentiel de rendement reste malgré tout élevé, en particulier dans les sols filtrants de type argilo-calcaire, dans la mesure où la protection fongicide aura été faite et que le désherbage aura pu être maîtrisé ».
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