CHAMBRE D'AGRICULTURE - LE BLÉ, TOUTE UNE HISTOIRE
Mardi 24 septembre, le GAB 52 en partenariat avec le Pôle d’Enseignement E. Pisani a organisé une conférence-débat ouverte à tous «Comment introduire la biodiversité, du grain au pain?». Etudiants agricoles et agriculteurs étaient au rendez-vous et ont prêté une grande attention au témoignage de Bernard Ronot.

Ancien agriculteur en Côte d’Or et fondateur de l’association Graines de Noé, Bernard Ronot est venu narrer, devant un auditoire conquis, son expérience de paysan, ou comment voir l’agriculture «d’une autre façon». Retour donc, sur un discours captivant, sur deux histoires qui se croisent: celle d’un homme et celle des blés.
L’histoire d’un agriculteur, d’abord.
C’est l’histoire d’abord d’un paysan en côte d’or. Fils d’agriculteur, installé sur une petite exploitation familiale avec sa femme. Bernard Ronot, formé en deux ans au lycée agricole de la Barotte à Châtillon sur Seine connaît la Révolution Verte, durant sa jeunesse. La prospérité de l’après-guerre amène les tracteurs, d’abord, puis les engrais azotés, issus des anciennes usines de munitions. «L’ammonitrate, dit-il, nous a proposé du rêve après la guerre». Doublement des rendements, explosion de la production… le blé est foisonnant mais n’est pas le seul à aimer l’azote. Les premières graminées adventives comme le vulpin commencent alors à prendre le dessus. Nous sommes dans les années 50- 60 et les grands blés locaux, candidats à la verse sont nanifiés par croisement, avec des variétés courtes japonaises. Ces blés plus courts sont alors fortement concurrencés par les mauvaises herbes. Dans son discours, Bernard Ronot décrit ensuite une spirale négative vers la dépendance à la chimie. Les premiers herbicides sont épandus et résolvent le problème du vulpin. On rajoute de l’azote. Les rendements explosent. L’humidité permanence au pied de la végétation dense laisse apparaître des champignons. Viennent alors les fongicides. Puis les insecticides. «Par excès d’azote, on augmentait les rendements. On maîtrisait, tout marchait bien». Mais Bernard Ronot à cette époque observe que, avec une production de blé entre 70 et 75 quintaux par hectare en moyenne sur 10 ans, les applications de produits phytosanitaires ont, elles, décuplé. «A ce moment-là, raconte-t-il, j’ai 55 ans, mon parcours de paysan est bien avancé, je pense aux jeunes et je me dis: comment peut-on leur transmettre ses fermes?».
Faire vivre les anciennes variétés de blé
Bernard Ronot change alors de cap. De l’exploitation agricole productiviste de ses débuts, il convertit sa ferme en bio. Il fonde l’association Graines de Noé et se retrouve aujourd’hui avec son animatrice et toute une équipe à faire revivre en terre des anciennes variétés de blé. La reconversion commence pour lui en 2000 après avoir assisté à une conférence d’un semencier alsacien travaillant sur la conservation des variétés de blé anciennes. C’est ainsi qu’Il commence à récupérer d’anciennes semences.
Cela fait aujourd’hui plus de 8 ans que Bernard Ronot travaille dessus, pour les faire perdurer et les diffuser. Avec le soutien du Conseil Régional de Bourgogne, Graines de Noé rencontre un vif succès chez les agriculteurs de la région. Son objectif est clair: il faut préserver les anciennes variétés. Les blés anciens n’ont pas subi la sélection moderne des nouveaux blés, choisis tantôt pour leurs caractéristiques technologiques, tantôt pour leur productivité. Les anciens blés sont locaux et équilibrés. Ils sont adaptés au terroir. « Chacun a le devoir de se les approprier. Une variété de blé n’est jamais fixée. Elle évolue tout le temps. La biodiversité végétale est reçue gratuitement des générations précédentes, nous devons la transmettre, la préserver!» Lance-t-il, avant de conclure «Une nouvelle agriculture devra se mettre en place, elle devra être durable. La balle est dans notre camp et je vous souhaite bon courage».
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